Ce blog est le quatrième d'une série axée sur l'Étude de l’industrie des noms de domaine en Afrique 2023. Les blogs contextualisent et approfondissent les données et informations recueillies lors de l'étude.

L'Étude de l’industrie des noms de domaine en Afrique 2023 fournit un aperçu complet de la croissance, des défis et du potentiel futur de l'industrie des noms de domaine sur le continent. Elle a été commandée par l'ICANN et réalisée par PowerSoft Africa, en collaboration avec la Coalition pour un Afrique numérique. L'étude s'appuie sur la base établie en 2016, fournissant des informations actualisées sur l'état actuel de l'industrie des noms de domaine en Afrique.
Dans le domaine de la cybersécurité, la sécurité du système de noms de domaine (DNS) reste un domaine critique. L'état actuel de la sécurité DNS en Afrique est caractérisé par un patchwork de pratiques et des niveaux d'adoption variés des technologies de sécurité clés, et l'étude révèle un mélange de progrès et de domaines nécessitant une amélioration significative. Un élément clé de cette discussion est l'adoption des extensions de sécurité DNS (DNSSEC), un ensemble de protocoles qui ajoutent une couche de sécurité supplémentaire pour prévenir le spoofing DNS et d'autres types de cyberattaques.
L’importance de l’adoption de DNSSEC
DNSSEC est un élément critique d'une infrastructure Internet sécurisée. Il ajoute une couche d'authentification aux réponses DNS, garantissant que les utilisateurs sont dirigés vers des sites légitimes plutôt que frauduleux ou malveillants. Cela est particulièrement important à mesure que les cyberattaques ciblant les vulnérabilités DNS deviennent plus sophistiquées et répandues.
En Afrique, les conséquences de la non-adoption de DNSSEC sont déjà évidentes. L'étude a révélé que les pays africains ayant de faibles taux d'adoption de DNSSEC sont plus exposés au détournement DNS, ce qui peut entraîner des pertes financières et de réputation significatives. Par exemple, en 2022, plusieurs banques africaines ont subi des attaques basées sur DNS qui ont perturbé les services en ligne et entraîné d'importantes pertes financières. Cela souligne le besoin urgent d'améliorer les mesures de sécurité DNS.
L’état actuel de la sécurité DNS en Afrique
L’adoption de DNSSEC en Afrique, bien que croissante, reste limitée. Selon les dernières constatations, seuls 45 % des domaines de premier niveau de l'Afrique (qui incluent 54 domaines de premier niveau de code de pays, six domaines de code de pays internationalisés, et quatre domaines de premier niveau génériques) sont signés avec DNSSEC. Cela signifie que plus de la moitié des domaines de premier niveau dans la région sont encore vulnérables au spoofing DNS et à d'autres attaques connexes.
Bien que la sensibilisation à la sécurité DNS ait augmenté, la mise en œuvre reste inégale à travers le continent. Le rythme lent est souvent attribué à une capacité technique limitée, à un manque de sensibilisation parmi les parties prenantes clés, et aux coûts associés au déploiement de la signature DNSSEC. Cependant, le déploiement progressif de DNSSEC tant au niveau de la signature qu’à celui de la validation est une tendance positive, indiquant une prise de conscience et un effort vers une sécurité DNS améliorée.
Des pays comme le Ghana, le Maroc, le Rwanda et la Côte d’Ivoire ont récemment réalisé des progrès significatifs en matière de taux de validation DNSSEC, tandis que des pays comme le Nigéria, l'Égypte, l'Algérie et l'Éthiopie n'ont pas encore activé la validation DNSSEC, laissant leurs utilisateurs d'Internet plus exposés aux menaces cybernétiques.
Implications pour la cybersécurité
Le faible taux d’adoption de DNSSEC a des implications graves pour le paysage plus large de la cybersécurité en Afrique. Un DNS vulnérable peut servir de passerelle pour les cybercriminels, compromettant non seulement des sites Web individuels, mais aussi des réseaux entiers. Ce risque est accru en Afrique, où l'infrastructure numérique est encore en développement et l'environnement réglementaire autour de la cybersécurité est souvent fragile.
Pour atténuer ces risques, l'étude recommande des efforts ciblés pour renforcer la capacité technique et sensibiliser à DNSSEC parmi les fournisseurs d'accès Internet, les registres et les organismes gouvernementaux. Des initiatives de renforcement des capacités, ainsi que des cadres réglementaires de soutien, peuvent aider à accélérer l'adoption de DNSSEC et à renforcer la sécurité globale de l'écosystème numérique de l'Afrique. Des efforts tels que le soutien à l'engagement technique de l'ICANN et le roadshow DNSSEC de la Coalition pour un Afrique numérique sont des étapes cruciales.
La voie à suivre
En plus de DNSSEC, d'autres protocoles DNS sécurisés tels que DNS over Hypertext Transfer Protocol Secure (DoH), DNS over Transport Layer Security (DoT), et le nouveau DNS over Quick UDP Internet Connection (DoQ) sont progressivement adoptés. L'Afrique est au-dessus de la moyenne mondiale en matière d'adoption du protocole QUIC et suit de près l'adoption de DoH, bien qu'elle accuse un retard dans la mise en œuvre de DoT.
Bien qu'il y ait eu des progrès en matière de sécurité DNS en Afrique, beaucoup reste à faire. Une approche multifacette est nécessaire, y compris une formation et une sensibilisation améliorées, une collaboration entre les gouvernements et les organisations internationales, et l'exploitation de nouvelles technologies et protocoles pour rester en avance sur les menaces cybernétiques. En priorisant l'adoption de DNSSEC et d'autres protocoles de sécurité, les pays africains peuvent protéger leurs infrastructures Internet, favoriser la confiance dans les services numériques, et stimuler la croissance économique.