Ce billet est le septième et dernier d'une série consacrée à l'étude sur le secteur des noms de domaine en Afrique menée en 2023. Les billets mettent en contexte et expliquent les données et les informations recueillies au cours de l'étude.
L'étude sur le secteur des noms de domaine en Afrique 2023 présente un aperçu complet de la croissance, des enjeux et du potentiel futur du secteur des noms de domaine à travers le continent. Elle a été commandée par l'ICANN et menée par PowerSoft Africa, en collaboration avec la Coalition pour une Afrique numérique. L'étude s'appuie sur des données de référence établies en 2016 et fournit des informations à jour sur l'état actuel du secteur des noms de domaine en Afrique.

Le secteur africain des noms de domaine est promis à une forte croissance, avec une tendance à la hausse constatée aussi bien pour les domaines de premier niveau géographiques (ccTLD) que pour les domaines de premier niveau génériques (gTLD). Selon l'Étude sur le secteur des noms de domaine en Afrique 2023, le nombre total d'enregistrements de domaines ccTLD en Afrique a doublé depuis 2016 pour atteindre 4,33 millions fin 2023. Par ailleurs, le nombre de gTLD enregistrés par des entités africaines s'élève à environ 1,4 millions, dont la majeure partie est constituée par des domaines .com. Bien que ces progrès soient encourageants, certains problèmes tels que les coûts élevés des domaines, le faible niveau de sensibilisation et la complexité de la réglementation doivent être résolus pour que le potentiel du secteur puisse être pleinement exploité.
Une croissance prometteuse
L'étude indique que l'enregistrement de noms de domaine en Afrique continuera de progresser, avec un taux de croissance annuel prévu à 12,4 %. Cependant, cette croissance varie significativement selon les pays. Certains pays, comme le Kenya et le Nigeria, ont connu une adoption rapide, tandis que d'autres, en particulier dans les régions africaines où l'infrastructure Internet est fragile, sont à la traîne.
Les principaux leviers de cette croissance prévue sont l'augmentation du taux de pénétration de l'Internet, qui est passé de 29 % en 2016 à 43 %, l'expansion de l'hébergement local et du contenu numérique, ainsi que l'engagement accru des gouvernements et du secteur privé. Les pays qui encouragent activement les enregistrements de domaines et les plates-formes de commerce électronique au niveau local affichent de meilleures performances dans ce secteur. Parmi les ccTLD les plus performants en termes de volume d'enregistrement, ceux de l'Afrique du Sud (.za), du Nigeria (.ng), du Kenya (.ke) et de l'Égypte (.eg) restent les plus demandés par les entreprises locales et les entrepreneurs du secteur numérique.
Obstacles à surmonter
Malgré ces perspectives positives, plusieurs obstacles continuent de freiner l'expansion à grande échelle du secteur des noms de domaine en Afrique.
Le coût élevé des noms de domaine et de l'accès à Internet constitue l'une des principales barrières. L'étude met en évidence des prix compétitifs pour certains ccTLD, mais nettement plus élevés pour d'autres par rapport aux gTLD internationaux, ce qui a pour effet de décourager les entreprises locales et les particuliers de les choisir. En outre, les coûts d'accès à lnternet en Afrique restent élevés, avec une moyenne de 4 % du revenu mensuel dépensé pour seulement 1 Go de données, ce qui rend la participation en ligne difficile.
Le faible niveau de sensibilisation et de littératie numérique constitue également un frein. Beaucoup d'entreprises et de particuliers africains ne sont pas encore conscients des avantages associés à la détention d'un nom de domaine. Ce manque de sensibilisation, combiné à un faible taux de littératie numérique, limite la demande d'enregistrement de domaines, en particulier parmi les petites et moyennes entreprises qui pourraient tirer profit d'une présence en ligne.
Les obstacles de nature réglementaire et politique compliquent encore plus la croissance du secteur. Certains pays africains ont des politiques restrictives en matière d'enregistrement de ccTLD, en exigeant par exemple une présence locale ou des noms de domaine qui doivent correspondre à des noms d'entreprise. Bien que ces réglementations soient destinées à renforcer la sécurité, elles peuvent décourager les demandeurs potentiels d'enregistrer des domaines dans leurs ccTLD nationaux.
Prochaines étapes
Pour exploiter pleinement le potentiel du secteur africain des noms de domaine, les parties prenantes de l'écosystème de l'Internet - notamment les gouvernements, les registres, les bureaux d'enregistrement et les acteurs du secteur privé - doivent collaborer à la mise en œuvre d'améliorations stratégiques.
Des modèles de tarification basés sur les coûts et des formules d'enregistrement à prix réduit pour les petites et moyennes entreprises et les start-ups pourraient permettre d'augmenter les taux d'adoption en réduisant les coûts d'enregistrement. La mise en place de campagnes de sensibilisation au numérique par les gouvernements, les opérateurs de registres et les groupes de défense du numérique permettrait de promouvoir les avantages liés à la détention d'un nom de domaine, en particulier dans les régions faiblement desservies. Des cadres réglementaires améliorés, garantissant que les politiques d'enregistrement des domaines sont favorables aux entreprises et alignées sur les meilleures pratiques internationales, permettront d'encourager un plus grand nombre d'enregistrements locaux. Le renforcement des infrastructures locales, telles que les points d'échange Internet, les centres de traitement des données et les services d'hébergement locaux, contribuera à stimuler la demande de noms de domaine en Afrique.