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jeudi 7 décembre 2023

Comment le serveur racine géré par l’ICANN transforme la résilience du DNS en Afrique

Terry Manderson, vice-président en charge de la sécurité de l’information et de l’ingénierie réseau à l’ICANN

Comment le serveur racine géré par l’ICANN transforme la résilience du DNS en Afrique

En novembre 2022, un cap a été franchi en matière de résilience du système des noms de domaine (DNS) en Afrique avec la mise en œuvre d’une grappe du serveur racine géré par l’ICANN (IMRS) à Nairobi, suivie du déploiement d’une installation IMRS au Caire en octobre de cette année. Ce développement révolutionnaire a marqué un tournant dans la résilience du DNS sur le continent africain, notamment au Kenya et en Égypte. Dans ce billet, nous présenterons des données et des statistiques qui montrent l’impact de ces deux déploiements récents de serveurs IMRS sur les requêtes DNS adressées aux IMRS et sur la résilience de la zone racine du DNS à travers l’Afrique.

Kenya : un pôle de résilience de la zone racine du DNS

Kenya, considéré souvent comme un pôle technologique en Afrique, a connu une évolution significative de la résilience du DNS. La mise en œuvre d’une grappe IMRS à Nairobi a joué un rôle majeur dans cette transformation. Cette grappe est devenue le point focal des requêtes envoyées au IMRS, avec près de 799 requêtes traitées par seconde (QPS). Cela représente 39 % du trafic DNS total de la région africaine vers les serveurs racine IMRS, comme en témoigne l’empreinte numérique IMRS globale. 

Égypte : un changement dans les requêtes DNS

L’histoire en Égypte est tout aussi passionnante. Avant le déploiement de l’installation IMRS au Caire, la plupart des requêtes de la zone racine de l’Égypte adressées à l’IMRS (comme on peut le voir dans la constellation d’instances IMRS à travers le monde) étaient traitées par la grappe IMRS de Prague. Or, avec le déploiement de l’installation IMRS au Caire, la situation a connu un revirement important. L’installation au Caire traite désormais un pourcentage impressionnant (90%) de requêtes DNS d’Égypte envoyées à la zone racine desservie par des instances IMRS. Cette évolution peut être attribuée aux politiques opérationnelles de routage mises en place par plusieurs fournisseurs d’accès à Internet (FAI) dans la région africaine.

Conséquences sur l’ensemble du continent africain

Pour avoir une vue d’ensemble de l’impact de la nouvelle installation IMRS sur le continent africain, comparons la distribution des requêtes DNS de la zone racine vers des instances IMRS en Afrique avant et après l’installation IMRS au Caire.

Avant l’installation IMRS au Caire :

  • 60 % des requêtes étaient traitées par la grappe de Nairobi (~600 QPS).
  • 20 % des requêtes étaient traitées par la grappe IMRS de Prague (~200 QPS).
  • 10 % des requêtes étaient traitées par l’instance IMRS du Maroc (~100 QPS).
  • 10 % des requêtes étaient traitées par d’autres instances IMRS (~100 QPS).

Après l’installation IMRS au Caire :

  • 40 % des requêtes sont traitées par la grappe de Nairobi. 
  • 30 % des requêtes sont traitées par la nouvelle installation IMRS du Caire.
  • 10 % des requêtes sont traitées par l’instance IMRS du Maroc.
  • 5 % des requêtes sont traitées par la grappe IMRS de Prague.
  • Le reste, soit 15 % des requêtes, est réparti entre d’autres instances IMRS.

Cette comparaison démontre clairement l’effet transformateur de la grappe IMRS à Nairobi et de la nouvelle installation IMRS au Caire sur la résilience du DNS en Afrique. Grâce à ces installations, les pays africains sont mieux équipés pour traiter un volume croisant de requêtes DNS de la zone racine et mieux à même de proposer aux utilisateurs une expérience Internet plus robuste et fiable à travers le continent. Il convient de préciser que ces installations permettent au trafic local de rester dans le continent, ce qui contribue à réduire la latence et à améliorer la performance globale de l’infrastructure Internet.

De manière générale, la grappe IMRS à Nairobi et l’installation IMRS au Caire ont considérablement amélioré la résilience générale du DNS en Afrique. Ces grappes ont non seulement fait basculer une partie des requêtes DNS de la zone racine vers l’IMRS, mais ont également contribué à renforcer l’infrastructure numérique de la région. À l’instar du Kenya et de l’Égypte, d’autres nations africaines pourront bénéficier d’une meilleure résilience du DNS, qui favorisera un écosystème Internet mieux connecté et plus fiable pour les années à venir.

En savoir plus Infrastructure du serveur racine géré par l’ICANN (IMRS)