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jeudi 13 novembre 2025
Internet Society

Au cours de la dernière décennie, des millions de personnes en Afrique ont pu accéder à Internet. Mais pour un grand nombre d’entre-elles, l’expérience en ligne est loin d’être idéale, principalement parce que une grande partie de leurs données parcourt de longues distances au-delà de leurs frontières avant d’arriver à destination. Cela se traduit par des coûts plus élevés, des débits plus faibles et des opportunités manquées.
Néanmoins, la situation commence à évoluer dans certains endroits. Sous l’égide de la Coalition pour une Afrique numérique, une initiative pilotée par l’ICANN qui rassemble des partenaires régionaux et mondiaux, l’Internet Society œuvre à l’expansion et au renforcement de l’infrastructure Internet du continent. Une partie essentielle de cet effort se concentre sur les points d’échange Internet (IXP), qui permettent au trafic Internet local d’être acheminé via des réseaux nationaux et régionaux. Les IXP contribuent à réduire les coûts, à améliorer les performances et à accroître la résilience, en privilégiant des routes plus courtes et plus directes pour l’acheminement des données.
Des pays comme le Kenya et le Nigeria ont déjà démontré ce qu’il est possible d’accomplir lorsque les communautés locales et les réseaux se mobilisent pour construire des IXP. Ainsi, en une période de dix ans, la part du trafic Internet échangé localement est passée d’environ 30 % à près de 70 %. Les résultats parlent d’eux-mêmes : des connexions plus rapides, des coûts réduits et des millions de dollars d’économies par an. Ces expériences réussies servent maintenant de feuille de route à d’autres pays d’Afrique qui s’efforcent de rapprocher l’Internet des populations desservies.
Croissance soutenue en Afrique
Le nombre d’Africains qui accèdent à Internet s’accroît d’année en année. Selon l’Union internationale des télécommunications, l’utilisation d’Internet est passée de 25 % en 2019 à 38 % en 2024. Or, malgré cette croissance, de nombreux problèmes structurels persistent. Dans un certain nombre de pays, il n’existe pas d’interconnexion directe entre les réseaux, ce qui oblige le trafic Internet à parcourir souvent de longues distances, voire à franchir des continents, avant d’arriver à destination. En moyenne, les données d’Internet Society Pulse montrent que seulement 41 % des contenus les plus populaires consommés sur le continent sont mis en cache localement. Cela rend l’Internet plus coûteux et dégrade l’expérience en ligne des utilisateurs dans toute la région.
Néanmoins, des progrès continuent d’être constatés. Le nombre d’IXP et de réseaux interconnectés augmente, et l’échange de trafic local est en hausse. Ce travail s’appuie sur la Vision 50/50 de l’Internet Society pour le trafic sur Internet.
« Cette vision consiste en réalité à faire en sorte qu’au moins la moitié du trafic Internet africain soit échangé au niveau local. Elle fixe un objectif clair et permet d’orienter les efforts visant à renforcer l’infrastructure Internet et l’interconnexion locale », a indiqué Michuki Mwangi, expert distingué à l’Internet Society.
Grâce à des initiatives en cours destinées à soutenir le déploiement de nouveaux IXP au Bénin, au Malawi, au Rwanda et à Madagascar, la Coalition pour une Afrique numérique crée les conditions pour des interconnexions durables qui apporteront des avantages à long terme aux internautes et aux communautés de toute la région.
Une évolution continentale tournée vers la connectivité
Inspirés par l’expérience du Kenya et du Nigeria, d’autres pays africains prennent des mesures pour renforcer leur infrastructure Internet par le biais du développement d’IXP. Au Bénin, où à peine 5 % des contenus les plus populaires consommés sont mis en cache localement, les parties prenantes ont élargi BENIN-IX, le point d’échange Internet national, et ont créé une nouvelle infrastructure, le Point d’échange Internet de Cotonou (COTIX), avec quatre membres fondateurs.
Le Malawi affiche également des progrès. Grâce à deux IXP actifs, l’un à Blantyre et l’autre établi récemment à Lilongwe (LLIX), le pays connaît une hausse du trafic réseau échangé localement. LLIX a été mis en service en 2025 et compte déjà 5 pairs.
Au Rwanda, le point d’échange Internet du Rwanda (RINEX) est devenu un élément essentiel de l’écosystème numérique en pleine croissance du pays. Des mises à niveau récentes de son équipement et des formations dispensées ont contribué à renforcer son rôle, notamment pendant la rupture du câble sous-marin en Afrique Orientale en 2024, pendant laquelle le trafic local a permis d’assurer un fonctionnement plus fluide de l’Internet.
Entre-temps, Madagascar débute ses efforts mais a déjà fait d’importants progrès pour redynamiser son principal IXP, MGIX. Grâce à des subventions et au soutien de partenaires locaux, des travaux sont actuellement en cours pour rétablir les opérations, attirer de nouveaux membres et bâtir une communauté de peering durable.
Tous ces témoignages mettent en lumière le vaste mouvement qui se développe à travers l’Afrique pour mettre en place des infrastructures et des partenariats essentiels pour un Internet plus résilient, plus abordable et mieux connecté localement. Ces progrès se poursuivent sous l’égide de la Coalition pour une Afrique numérique, grâce aux travaux sur les IXP dirigés par l’Internet Society et ses partenaires.