L'actualité de ce Projet
mardi 17 décembre 2024
Yaovi Atohoun, directeur en charge des opérations et de la relation avec les parties prenantes pour l’Afrique, ICANN
Le programme des nouveaux domaines génériques de premier niveau, qui inclut des noms de domaine de premier niveau internationalisés dans des langues et des alphabets locaux, a été lancé en 2012 afin de promouvoir un Internet plus inclusif. Bien que le programme ait contribué à élargir l’accès à Internet, des contraintes techniques dans les logiciels et les applications actuelles ont limité l’adoption des noms de domaine internationalisés. L’acceptation universelle (UA) cherche à répondre à ce problème, en s’assurant que tous les internautes puissent accéder à des noms de domaine et à des adresses de courrier électronique dans leurs langues et alphabets locaux.
Ce billet se penche sur les progrès les plus récents en matière d’acceptation universelle dans le milieu universitaire, en particulier par le biais de la coopération entre l’ICANN et l’Association des universités africaines (AUA), dans le cadre d’une initiative pilotée par la Coalition pour une Afrique numérique.
Progrès accomplis par les universités africaines dans l’adoption de l’UA
Figure 1. Évolution de la conformité à l’UA au fil du temps pour (a) les sites web et (b) les services de messagerie électronique
En avril 2023, l’ICANN a mené une évaluation de référence sur 400 sites web et systèmes de messagerie électroniques des institutions membres de l’AUA afin de recenser leur niveau de conformité à l’acceptation universelle. Les résultats sont affichés dans la Figure 1. Selon les premiers tests, 88 sites web possèdent des formulaires de contact acceptant des adresses de courrier électronique non-ASCII, et 227 systèmes de messagerie électronique utilisent des services de messagerie prenant en charge l’internationalisation des adresses de courrier électronique.
Changements observés dans l’état de préparation à l’UA des sites web
L’équipe en charge du projet analyse actuellement la baisse observée dans le nombre de sites web conformes (54) par rapport au nombre initial (Figure 1a), mais note cependant des progrès lents dans la prise en charge de l’UA dans les formulaires de contact des sites web depuis octobre 2023. Cette hausse graduelle reflète les améliorations en cours, correspondant notamment à l’application des correctifs les plus faciles à mettre en œuvre sur les sites, ce qui laisse prévoir des mises à jour plus complexes.
Conformité à l’UA des systèmes de messagerie
L’évaluation initiale a recensé 227 systèmes de messagerie électronique conformes. Ce nombre a été revu à la hausse en octobre 2023, le nouveau chiffre de 282 (Figure 1b) indiquant l’adoption de services et d’outils mis à jour. Les compétences acquises dans les ateliers de formation technique ont probablement contribué à cette évolution. En août 2024, le nombre de systèmes conformes à l’UA était monté à 305, bien que le taux de croissance ait connu un ralentissement par la suite, ce qui suggère que des ajustements plus avancés pourraient s’avérer nécessaires pour que l’adoption se poursuive.
Ces améliorations témoignent de l’impact des initiatives de communication et de formation technique mises en œuvre par l’équipe projet de la Coalition pour une Afrique numérique. Elles mettent ainsi en évidence l’importance du renforcement des capacités pour faire progresser l’adoption de l’UA dans toute la région.
Initiatives de renforcement des capacités en vue de l’adoption de l’UA
Ateliers et webinaires
Trois ateliers techniques de renforcement des capacités adressés aux directeurs des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont été organisés dans des universités africaines : à Accra, au Ghana, en avril 2023 ; à Windhoek, en Namibie, en juillet 2023 ; et à Rabat, au Maroc, en avril 2024.
Au total, 95 personnes issues de 50 universités, de deux organisations gouvernementales et de trois organisations de la société civile y ont participé, ce qui leur a permis d’acquérir des connaissances pratiques sur l’UA et des stratégies pour la mettre en œuvre.
En février 2024, deux webinaires consacrés à l’intégration des concepts de l’UA dans les programmes d’enseignement des sciences de l’informatique ont attiré 249 participants pour la séance en anglais et 34 participants pour la séance en français. À la suite des webinaires, 20 institutions ont exprimé leur intérêt pour piloter le programme d’enseignement de l’UA, et trois d’entre elles ont été présélectionnées pour diriger ce travail.
Exercices techniques pilotes et coopération avec WordPress
L’équipe projet a vérifié la compatibilité avec l’UA des sites web Word-Press des universités et a organisé des séances individuelles avec 23 institutions afin de les aider à mettre en œuvre les mises à jour recommandées. Depuis, l’ICANN a publié des lignes directrices à l’intention des universités pour que leurs sites WordPress soient prêts pour l’UA. L’équipe projet utilise également ces tests pour proposer des mises à jour du code de WordPress en vue de la prise en charge de l’UA. Il est important de noter que les mises à jour de WordPress visant à prendre en charge l’UA, telles qu’elles ont été testées dans le cadre de ce projet, pourraient bénéficier à de nombreux utilisateurs de WordPress dans le monde entier. En 2024, WordPress est utilisé par environ 835 millions de sites web sur les 1,98 milliards de sites web que compte l’Internet.
Retour d’expérience des universités et principaux avantages
En octobre 2024, un groupe de discussion organisé avec les directeurs des TIC et les administrateurs de systèmes des universités de l’AUA participant au projet a permis d’obtenir des informations très utiles sur l’impact du projet de l’UA sur leurs systèmes de messagerie électronique et leurs sites web. Les configurations techniques concernaient des mises à jour des fichiers WordPress et des paramètres SMTP de Postfix pour la prise en charge des caractères Unicode. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de l’objectif plus large de promouvoir la conformité à l’UA.
Avantages identifiés
Des institutions telles que l’université d’Abomey-Calavi au Bénin ont fait état d’une meilleure compatibilité du courrier électronique, facilitant la communication entre les établissements, tandis que l’université de Solusi au Zimbabwe a constaté une amélioration du trafic international, en particulier en provenance de régions comme la Chine.
Mesures futures de mise en conformité
L’équipe projet a rencontré un groupe de discussion composé de membres du personnel technique de l’université qui ont réussi à mettre en œuvre des changements à la suite des ateliers techniques. Les participants aux groupes de discussion ont présenté des plans pour garantir la conformité en migrant vers des clients compatibles avec l'UA, tels que Thunderbird et Outlook, et en sensibilisant les administrateurs de systèmes. Certains établissements se penchent sur Google Workspace et les systèmes de gestion de l’apprentissage en vue d’une compatibilité avec l’UA.
Le groupe de discussion a conclu que pour garantir la conformité, il fallait procéder à des mises à jour régulières des systèmes, former les administrateurs et, éventuellement, investir dans de nouvelles infrastructures. Il a notamment été décidé d’apporter une assistance supplémentaire aux problèmes liés à l’UA dans d’autres outils de messagerie, avec une collaboration de suivi entre les membres de l’équipe.
Ce groupe de discussion illustre l’impact de l’UA sur la communication numérique institutionnelle et souligne l’importance d’un engagement durable en faveur de l’adoption de l’UA pour promouvoir l’inclusion numérique.
Prochaines étapes
À mesure que l’ICANN et l’AUA poursuivent leur collaboration dans le cadre de l’initiative de la Coalition pour une Afrique numérique, l’impact du projet sur les institutions académiques à travers l’Afrique devient de plus en plus évident. Pour la suite, l’équipe s’attachera à faciliter de nouvelles mises à jour, à contribuer à la configuration de WordPress et à intégrer la question de l’UA dans les programmes d’études des universités. En poursuivant ses efforts d’adoption de l’UA, le monde universitaire pourra promouvoir un paysage numérique plus inclusif, reliant les institutions par-delà les frontières linguistiques et culturelles.