L'actualité de ce Projet
lundi 7 avril 2025
Nodumo Dhlamini, directeur, Services TIC et gestion des connaissances, Association des universités africaines
Abdul Manaf Sulemana, responsable de projet UA, Association des universités africaines
Alors que les universités africaines continuent de développer l’apprentissage numérique et d’élargir les collaborations de recherche à l’échelle mondiale, elles font face à un défi de taille : des systèmes de technologies de l’information obsolètes qui ne reconnaissent pas l’ensemble des noms de domaine et adresses de courrier électronique. Cette question impacte particulièrement les étudiants, le corps enseignant et les chercheurs qui utilisent des scripts non latins ou des noms de domaine plus longs. Une solution : l’acceptation universelle (UA). Elle garantit que l’ensemble des noms de domaine et adresses de courrier électronique valides, quels qu’en soient le script, la langue ou le nombre de caractères, sont correctement traités par les applications compatibles avec l’Internet.
En adoptant l’UA, les universités peuvent créer un environnement numérique plus inclusif, prenant en charge la diversité linguistique et facilitant les partenariats universitaires à l’échelle mondiale. Une fois que les universités adoptent l’UA, elles ouvrent la voie à un meilleur accès pour les étudiants et le corps enseignant à travers le monde, renforçant la communication, la collaboration et les opportunités dans un monde universitaire concurrentiel.
Progrès et étapes clés
Des progrès ont déjà été réalisés. Grâce au partenariat entre l’Association des universités africaines (AUA) et la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN), dans le cadre de la Coalition pour une Afrique numérique, plus de 400 universités membres de l’AUA travaillent à l’adoption de l’UA. Des progrès manifestes ont été enregistrés, 304 universités ayant entamé leur transition vers des plateformes de messagerie compatibles avec l’UA et 133 universités ayant mis à jour leurs sites web afin de prendre en charge les noms de domaine internationalisés (IDN). Ces chiffres montrent que les universités africaines s’engagent à créer un espace numérique inclusif pour tous.
Toutefois, il reste des défis à relever. Une certaine lenteur de la bureaucratie ralentit la prise de décision pour les mises à jour informatiques, et de nombreuses universités reposent sur une infrastructure obsolète qui doit procéder à des modifications substantielles afin de répondre aux normes de l’UA. Un manque de sensibilisation se fait également sentir, un grand nombre d’universités n’étant pas familiarisées avec les avantages de l’UA et au rôle qu’elle joue dans l’accessibilité numérique.
Exemples de réussite d’universités africaines
Pourtant, des exemples de réussite montrent la voie à suivre. À l’université de Solusi, au Zimbabwe, la transition vers l’adoption de l’UA a commencé avec un atelier de l’AUA en Namibie, lors duquel des facilitateurs de l’ICANN ont dispensé une formation pratique. L’université de Solusi a ensuite mis à jour son site web, formé son équipe IT et même organisé un événement axé sur l’adoption de l’UA à des fins de sensibilisation sur le campus. « Alors que nous avons engagé un processus d’internationalisation en matière de recrutement, d’engagement de la communauté, d’innovation et de recherche, la compatibilité avec l’UA est devenue un élément crucial de notre stratégie numérique », a déclaré Ntokozo Ncube, responsable des technologies de l'information et de la communication (TIC) au sein de l’université de Solusi. « L’adoption de l’UA nous a aidés à élargir notre dimension internationale. » Depuis qu’elle a adopté l’UA, l’université a constaté une amélioration de son classement dans les moteurs de recherche, un renforcement de sa présence et une hausse du nombre de candidatures d’étudiants provenant de pays non anglophones.
De même, l’université 2iE, basée au Burkina Faso, a été confrontée à des problèmes de rejet d’e-mails provenant de candidats internationaux en raison de systèmes non compatibles avec l’UA. Après avoir assisté à un atelier au Maroc, l’université a mis à niveau son infrastructure informatique de sorte à prendre en charge plusieurs scripts de nom de domaine. « L’adoption de l’UA nous a permis d’échanger avec un public plus large, au niveau local et international », a déclaré Ephrem Tiemtore, directeur des TIC à l’université 2iE. « Nous pouvons à présent entrer plus facilement en contact avec des étudiants, partenaires et collaborateurs ne partageant pas la même langue et issus de différentes cultures. » Ainsi, l’université 2iE échange désormais plus facilement avec des étudiants et partenaires internationaux, ce qui lui permet de renforcer ses collaborations et activités de recherche à l’échelle mondiale.
Perspectives : étapes clés pour une adoption plus large
Les progrès réalisés jusqu’à présent sont encourageants, mais pour une adoption plus large, les universités doivent continuer à assurer la promotion de l’UA en tant que norme informatique de référence. Cela passe par l’intégration des principes UA dans les programmes d’études, un investissement dans la formation du personnel, et la mise en place de partenariats entre les universités. Plus les universités adopteront l’UA, plus le continent se rapprochera d’un écosystème numérique véritablement inclusif, assurant l’égalité d’accès à l’ensemble des étudiants, des chercheurs et du corps enseignant du monde entier.
Les prochaines étapes pour les universités sont claires : procéder à un audit des systèmes informatiques existants, former le corps enseignant et le personnel, et mettre à niveau les infrastructures obsolètes. Les institutions qui agiront dès maintenant non seulement renforceront l’accès de leurs propres étudiants et corps enseignant, mais ils jetteront aussi les bases d’un avenir numérique plus inclusif et mondialement connecté pour l’enseignement supérieur africain.
Il est temps de passer à l’action. Pour la suite, l’intégration des principes de l’UA dans des politiques institutionnelles et des programmes d’études, ainsi que la création de partenariats avec des organisations internationales telles que l’ICANN, seront autant d’éléments clés dans la transformation des universités africaines en leaders du numérique. Lors de la prochaine étape de cette transition, les universités doivent donner la priorité à l’UA, en s’assurant que l’ensemble des systèmes et infrastructures prennent en charge des environnements numériques inclusifs.