L'actualité de ce Projet
lundi 9 juin 2025
Auteurs : Yazid AKANHO, responsable de la relation avec la communauté technique, ICANN.
Contributeurs :
Le déploiement réussi des extensions de sécurité du système des noms de domaine (DNSSEC) pour les noms de domaine de premier niveau géographiques de code de pays (ccTLD) .bf du Burkina Faso et .cm du Cameroun est le résultat de mois de travail technique approfondi et d’améliorations opérationnelles durables dans les infrastructures des deux ccTLD. Avec le soutien de la campagne itinérante DNSSEC de la Coalition pour une Afrique numérique, les deux registres prennent désormais en charge la validation DNSSEC. Ils publient les zones signées avec une chaîne de confiance établie, ce qui permet aux résolveurs de valider l’authenticité des données provenant de ces domaines sur l’ensemble de l’Internet.
Bien que le résultat ait été le même, les chemins empruntés par chacun des registres reflètent à quel point les conditions internes d’une organisation (structure des équipes, maturité de l’infrastructure et état de préparation des processus) peuvent conditionner le déroulement du déploiement de DNSSEC.
Ce billet analyse les principales différences entre les deux approches et tire des enseignements pratiques pouvant être utiles pour d’autres ccTLD qui préparent la mise en œuvre de DNSSEC.
Points de départ différents
Avant de rejoindre la campagne itinérante DNSSEC à la mi-juin 2023, le gestionnaire du ccTLD du Burkina Faso, l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP), a fait appel à un nouvel opérateur pour sa plateforme technique, l’Association Burkinabè des Domaines Internet (ABDI). Au début du projet, les principaux systèmes et procédures opérationnels devaient être améliorés parallèlement aux efforts pour mettre en place DNSSEC.
En revanche, le registre du Cameroun, géré par l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), a démarré le processus en avril 2024, avec des équipes et des infrastructures déjà établies. Même si des améliorations étaient nécessaires, la base organisationnelle et opérationnelle était déjà en place, ce qui a réduit le travail préliminaire nécessaire pour faire avancer le projet.
Ces différences initiales ont eu des effets directs sur la chronologie et le rythme du déploiement.
Approches de mise en œuvre
Au Burkina Faso :
Au Cameroun :
Les deux registres ont utilisé des cadres techniques similaires, mais l’organisation interne et les conditions de départ ont déterminé la rapidité et la fluidité du déploiement.
Enseignements pour de futurs déploiements de DNSSEC
Plusieurs enseignements ont pu être tirés des expériences de déploiement de .bf et de .cm :
Au-delà de la chronologie
La comparaison entre .bf et .cm n’est pas une question de vitesse. Les deux projets ont été couronnés de succès parce qu’ils ont été structurés de manière réaliste, alignés sur les capacités opérationnelles locales et encadrés par des experts techniques externes.
Les déploiements confirment que DNSSEC n’est pas une mise à jour technique isolée. Il s’agit d’un engagement opérationnel. La réussite du déploiement dépend de la capacité du registre à gérer et à maintenir les systèmes de signature des clés, à surveiller les infrastructures, à élaborer et à mettre à jour des procédures et à répondre à l’évolution des menaces au fil du temps.
Les registres qui se préparent au déploiement doivent moins se concentrer sur une mise en œuvre rapide que sur la mise en place des conditions nécessaires à la sécurité et à la continuité des opérations avant le début de la signature.
Le Burkina Faso et le Cameroun ont tous deux démontré qu’avec une préparation adéquate, un soutien ciblé et un bon leadership organisationnel, le déploiement de DNSSEC peut être couronné de succès. Leur expérience constitue un modèle pratique pour d’autres ccTLD qui travaillent à renforcer leur infrastructure dans les années à venir.